Du côté du pré Vert
Réflexions sur mon itinéraire face à l’écologie d’aujourd’hui
Une trajectoire depuis le Valgaudemar …
Dès mon premier vote, mon bulletin a été Vert, au premier tour . Une prise de conscience adolescente, née en Valgaudemar, quand le jeune citadin que j’étais, se mêlait aux paysans des Longis pour les travaux d’été. C’était le temps où les lois Pisani commençaient à faire entrer dans ces montagnes, la volonté productiviste d’alors, avec l’entrée en lice des tracteurs et autres joyeusetés modernes ; sous la bénédiction financière « du bon sens prés de chez vous » ! [1]
Comme la pomme qui mature lentement sur ses claies hivernales, le fil des ans a vu l’émergence en moi d’un anti-américanisme primaire, transformé en un rejet permanent des impérialismes économiques, puis financiers. Dans cette trajectoire de plus de quarante cinq années, je suis passé du Vert de l’espoir (Ma mère !, le moustachu girondin a scoré !) au vert caca d’oie de la Duflot, (Oui, rose et vert, ça fait caca d’oie !). Son coup de poignard assassin dans le dos d’Eva Joly a signé ma sortie de la tant espérée Écologie Politique. J’en suis encore Vert de colère.
Vert solitaire, …. sur tous les fronts
Comment désormais exprimer ce chaos intérieur où se mêle en un maelström utopiste, rébellion, humanisme, radicalité, écologie et politique ? Celle qui, au sens noble du terme, permet de faire vivre et décider ensemble les citoyens dans leurs différences.
Redevenu un Vert solitaire, je n’en finis plus de pétitionner sur tous les fronts des contestations, écologique et anti-libérale (Bloom, Greenpeace, non au Nucléaire, Amnesty, Attac, ….). Demeuré rebelle, je ne peux me soumettre à cet ordre totalitaire pré-établi sans que je n’ai eu mon mot à dire. Incapable de faire une synthèse de toutes ces révoltes, je n’ai plus de boussole, plus de cap Vert. Je suis toujours dans ce nomadisme, quand je m’essaie à la démocratie participative. Je met mon énergie au service de mon quartier montpelliérain : « du bon usage des trottoirs et des pistes cyclables ». Après une année de travaux, notre énergie s’est trouvée abusée par l’hypocrisie budgétaire de l’hôtel de ville : la démocratie participative comme alibi, pour masquer l’hégémonie municipale. Exit.
…. jusqu’à l’installation en Champsaur
Le chaotique espoir humaniste Vert rivé au cœur, le rat des villes s’en va aux champs.
Passé le cap de l’installation en Champsaur, voilà près de quatre ans, mon errance politique stagne dans le Vert de gris, semblable à l’aridité du désert d’Atacama.
Quand, oubliant la fureur et le bruit, le dimanche 25 février 2017, je vais à la rencontre du discours de Jean-Luc Mélenchon prononcé lors de la journée de l’écologie [2].
Ce vieux lion a eu l’intelligence de faire la synthèse de toutes les solutions possibles, issues de la société, tous ces projets citoyens pour lesquels je pétitionnais naguère, pour tirer l’Humanité et le pays hors de sa trajectoire suicidaire à la Germanwings.
Une stratégie de reprise du pouvoir législatif local
Avec l’humanisme et la transition écologique de son programme, mon espoir jauni reprend du Vert. J’adhère à l’idée d’un mouvement politique sans être encarté, je signe et m’investit dans cette insoumission humaniste. Tout azimut.
Et j’apprends à écouter, à débattre, à toujours ramener un quelconque sujet sur l’intérêt collectif avec l’idée de construire un avenir à ce territoire pour qu’on y vive dignement sans envie d’en partir, voire déclencher le désir de s’y installer. Cela passe par la quête de la démocratie directe, la démocratie représentative ayant montré ses limites : « Pour le peuple, par le peuple »
Le plus petit échelon de cette stratégie de reprise du pouvoir législatif local, c’est la commune. Je m’investis donc dans la création de comités citoyens, conçus comme un lieu d’éducation populaire. Un investissement sur le long terme.
Une histoire d’-ot
Cependant, les forces de la réaction, même ici dans le canton, ne dorment pas. Après les Duflot et Hulot, v’là le Jadot nouveau qui se pointe, fort de ses 14 % aux européennes.
Il se présente déjà comme l’homme providentiel. Un géant Vert aux pieds d’argile parce qu’il occulte une vérité inconfortable : il ne rompt pas avec le capitalisme. Le gros mot est lâché. Rompre avec le capitalisme, responsable de tous les maux de la planète (la crise du Covid nous en a apporté quelques preuves supplémentaires). L’anticapitalisme fait peur. Parole d’artificier, c’est une barrière psychologique à faire sauter : extraire de la mémoire collective ce couteau sanglant entre les dents !
Sans cette rupture capitale, ce Vert qui se veut géant, si on lui lâche la bride, va nous faire perdre encore cinq années. Le pays et la Terre ne peuvent se le permettre. Ça urge.
Tel un peuple souverain.
Cependant, l’écologie est aujourd’hui au centre de la vie politique.
« L’écologie, c’est nous » disent les caciques du parti. Non, monsieur Hulot « Le monde d’après ne se fera pas de gré ou de force ».
Ces écologistes là vont-ils nous diviser pour permettre à la finance de mieux régner pour l’ordre et la sécurité ? Devra-t-on en arriver à se battre sur le pré Vert ? Certains affûtent déjà leurs armes contre la France Insoumise, cet empêcheur de faire de l’écologie en rond.
Se mettre en rond justement, pas autour d’une table de négociations, tous à égalité sur le même cercle, pour que la parole et le bon sens s’échangent et permettent de décider ensemble ici et maintenant. Tel un peuple souverain.
Mes choix sont faits. Et vous quel Vert allez-vous choisir ?
Plutôt que d’aller se battre sur le pré vert, si on en débattait ici … ?
[1] Un des nombreux slogans du crédit agricole à une époque où il était encore mutuel !
[2] J’ai œuvré onze années au développement de la bio dans l’Hérault