Enquête d’utilité publique

Porcherie GAEC des Vilettes

Par Herbé | Publié le 6 février 2020
Elevage industriel

à Mme la préfète
des Hautes-Alpes
(par courriel)

Madame,

par ce courriel, je m’en viens participer à l’enquête d’utilité publique concernant le projet de porcherie industrielle sur Chabottes (05260)

Ma première réflexion sera d’ordre technique.
Un peu plus de 1000 porcs charcutiers et environ 100 truies mères nécessitent une alimentation d’environ 250 à 400 tonnes par an de céréales et près de 150 tonnes de protéagineux.
Le projet annonçant que 90% des céréales seraient issues du Champsaur, notre canton sera-t-il en capacité de produire, sans intrants pollueurs, de telles quantités de céréales ? D’autant plus que les céréales locales (blé, seigle, orge, triticale et maïs) sont déjà destinées pour une bonne part aux bovins et ovins.
Pour ce qui concerne les protéagineux, la production inexistante en Champsaur-Valgaudemar va nécessiter de s’approvisionner sur le marché international, plus avantageux en terme de prix, permettant ainsi allègrement l’entrée de soja OGM brésilien sur notre territoire.

Par ailleurs, un tel élevage sur caillebotis produira plus de 520 mille litres de lisier, soit environ 80 tonnes de nitrates et 55 tonnes de phosphates dont on connaît les effets néfastes sur la pollution des nappes et l’eutrophisation galopante des milieux.
Ce lisier destiné à l’épandage va nécessiter pour son stockage des installations en dur qui, outre les effluves nauséabondes dégagées, vont faire emprise sur les sols agricoles et faire obstacle à la pénétration des eaux pluviales, alors même que notre territoire s’achemine vers une diminution importante des quantités d’eau disponibles.

Par ailleurs, les périodes d’enneigement vont venir réduire les moments d’épandage : quatre mois d’épandage pour les prairies, deux mois pour les cultures en plein dans les saisons touristiques. Cela risque de lourdement gêner les activités qui y sont liées. Enfin, comme annoncé plus haut, l’épandage est source de pollution des nappes aquifères. A l’heure où l’eau se raréfie, il me paraît impératif de conserver aux eaux du Drac leur potabilité.

Une porcherie industrielle est aussi productrice de gaz toxiques (ammoniac, hydrogène sulfuré et autres mercaptans). Certaines de ces molécules ayant tendance à se fixer sur les poussières, les odeurs poussées par les vents vont se répandre dans tout le Haut-Champsaur, engendrant des conflits de voisinage (et ce ne sera pas des affaires de coqs qui chantent !)

L’élevage sur caillebotis est incompatible avec le bien-être et la protection des porcs et ne peut être considéré comme une des Meilleures Techniques Disponibles, préconisées par le BREF . En effet, il a pour conséquences
l’inconfort à la marche et au repos des animaux entraînant d’importants risques de lésions,
l’absence de matériaux (paille, sciures, etc.) répondant aux besoins comportementaux des porcs
l’apparition de problèmes de cannibalisme liés à la caudophagie.

Bref, un tel élevage est donc à proscrire, d’autant plus qu’il va à l’encontre de la demande sociétale.

C’est l’objet de ma seconde réflexion résumée en une question : quel type de société voulons nous ?
A l’heure où la demande sociale va vers une alimentation plus saine, le choix d’une production locale de qualité, le projet du GAEC des Villettes s’inscrit dans un système productiviste dont le peuple ne veut plus compte-tenu de ses incidences sur la santé, celle des sols et de la Planète.
Il y a nécessité d’adapter l’élevage porcin local à la demande en salaisons et bouchère des indigènes et des touristes.
Aussi, je vous demande d’exiger du porteur de projet une reformulation quant à son orientation, projet à orienter vers une production de qualité, à échelle humaine dans le respect de l’animal et de notre santé qui va de pair avec celles des sols du bocage champsaurin et de la Terre.
En un mot : AGROBIO.

Espérant que ces quelques remarques vous permettent de décider en faveur d’une production paysanne, car, les preuves sont là, le productivisme détruit tout.
Enfin, je ne crois pas que le canton soit de taille à entrer dans la compétition mondiale qui, hélas, joue la carte du dernier vivant.
C’est le sort de tout le canton de Saint-Bonnet qui est entre vos mains. Merci donc de le protéger en ne donnant pas l’aval tel que au projet du GAEC des Villettes.

Je vous prie d’agréer, Madame la préfète, mes respectueuses et citoyennes salutations

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