La géographie est une question de pouvoir
COVID19 et désunion européenne
« Bien qu’on la juge souvent innocente, la géographie n’est pas un produit de la Nature, mais le fruit de luttes entre des puissances concurrentes pour obtenir le pouvoir d’organiser, d’occuper et d’administrer l’espace » (Gerard Toal - Critical geopolitics)
La pandémie de COVID19 en a amené la preuve avec la fermeture des frontières entre pays membres, les vols ou tentatives de vols de masques, les discours de dirigeants faisant la leçon à d’autres pays membres « la pandémie s’est développée chez vous par inobservance des règles d’austérité ». Les fameux 3% !
Après la crise des migrants, celle du coronavirus souligne la désunion de l’Union.
Ce retour au chacun pour soi n’est pas étonnant dans une Europe Unie qui depuis des lustres met en avant les intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général.
Ainsi, la sacro-sainte puissance du Marché a amené la Commission européenne à demander aux états membres de réduire les dépenses de santé et de procéder à des privatisations (Neuf fois par an en moyenne entre 2011 et 2018 – Sources « l’Humanité » du 2 avril 2020 - Entretien avec l’eurodéputé Martin Schirdewan).
La suspension de la règle des 3% et le retour des subventions publiques injectables dans les économies des pays membres ne sont-ils pas un aveu d’échec ?
« La concurrence, c’est la logique du dernier vivant » (F. Plassard – Crise ? Quelle crise ?)
Ne touchons-nous pas en ce moment de notre Histoire, les limites du dogme du Marché et de la libre concurrence non faussée ?
Par la gestion de la crise sanitaire du Corona, les pays de l’Union européenne ne veulent-ils pas nous mettre en bière ? Bien au contraire, cette Géographie sanitaire devrait nous permettre de saisir ce moment unique de notre Histoire. Le moment est venu, de mon point de vue, de remettre sur la table les traités européens. Les ré-écrire autour des valeurs que sont l’intérêt général, la solidarité et la justice sociale. Avec les peuples européens .... écartés en 2005 !
Seule issue viable pour le vivre ensemble sans guerres sur le continent ?
Qu’en pensez-vous ?
PS : Après son doctorat, Gerard Toal est devenu professeur adjoint de géographie à Virginia Tech à Blacksburg, où il a travaillé pendant dix ans avant de déménager dans la région de Washington DC, pour établir le programme des affaires gouvernementales et internationales à la School of Public and International Affairs.
Ses recherches incluent la géopolitique critique, le nationalisme, la géographie politique, le post-communisme, la mondialisation, les conflits territoriaux.
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