Les Enfants de Chabottes ( 05 260)
d’ Anita.
Ma très chère Anita,
Lors du Carnaval des Libertés de Gap, le 3 avril 21, j’ai assisté au spectacle des Masques Blancs de Briançon.
Sur un fond sonore lugubre, un groupe d’humains robotisés et déshumanisés marchait courbés et à pas lourds, gantés de blanc, enveloppés de tissus et masques vénitiens blancs. La radio égrenait les consignes sanitaires gouvernementales, d’un ton monocorde, les exhortant à se tenir éloignés de leurs enfants, de leurs amours, de leur famille, et d’eux-mêmes en définitive, puisqu’amputés du sens des jours et de leur joie banale.
Et j’ai pensé à toi, à une peinture que tu as faite très tôt dès le début du premier confinement, début avril 2020. Tu l’as appelée « Les Enfants de Chabottes » La texture est très particulière, je ne livrerai pas ton secret.
A l’époque, je ne l’ai pas ressentie, pas comprise.
Et ce samedi à Gap, en frissonnant au spectacle des Masques Blancs, la fulgurance. Bien avant tout le monde, tu as anticipé le rétrécissement à venir dans le corps des enfants, les enfants brimés dans leurs gestes, leurs élans vers les autres, brisés, leur curiosité pour nos visages, cassée, pour nos regards, frustrée, pour nos mimiques, déçue, leur cœur coupé du spontané et du naturel de notre vie.
Un court extrait audio d’une pédo-psychiatre Marie Rose Moro le 10 avril 2021 sur France Culture :
Merci ma chère Anita, pour les moments que tu consacres à ta peinture, le centre de ta vie actuelle. Ta sensibilité, bien cachée en vie ordinaire mais vibrante en toi néanmoins, se concrétise dans les formes, les textures, les couleurs de ta peinture. Le résultat m’ émerveille.
Continue à mettre en forme tes sensations, tes visions. J’espère qu’un jour elles enchanteront une foule de curieux lors d’une exposition. La pandémie te torture et des beautés surgissent. Merci.
https://www.youtube.com/watch?v=-dH0yLvXusg