Lost on a painted sky (1)
Un excès momentané d’égocentrisme narcissique
Survolant le Vieux Chaillol, le gypaète exerce son acuité visuelle sur cet écrin montagnard. De ce territoire alpin, il tire la substantifique moelle dont il nourrit plumes et pinceaux.
Dans l’immensité azurée de ce ciel de printemps, une pensée vient d’allumer ses neurones.
Une lubie, cette envie capricieuse, déraisonnable, née de l’abandon de son aire de reproduction.
Aussi, dans un excès momentané d’égocentrisme narcissique, il décide de sa métamorphose en cincle plongeur. Quelle perte d’envergure ! Lui le plus grand des oiseaux alpins.
Au barrage Le Mal Nommé, oubliant le Ciel, il a plongé dans le Drac, nous ouvrant les portes de l’Enfer (2).
Et nous voilà désintégré(e)s dans ses ciels d’aquarelles.
Ancelle, le 4 juin 2021
(1) Extrait de « Be », album Jonathan Livingstone Seagull par Neil Diamond
(2) Le Drac désigne, principalement en Occitanie et en Catalogne, un grand nombre de créatures imaginaires de formes variables, dont la plupart sont considérées comme des dragons représentant le diable, liés à l’eau et à ses dangers. Cette vieille racine indo-européenne d-r se retrouve en tant qu’hydronyme pour nommer des fleuves et rivières dans les Alpes françaises et italiennes (Drac, Doire et Durance)