Naif que j’étais !
Dans le murmure de la bise postprandiale, je me suis mis un temps à l’écart en forêt champsaurine En fait, c’est mon corps que j’ai mis àl’écart des turbulences du monde. Cependant, mes neurones, eux, font le pogo devant le spectacle affligeant de ce monde, tant l’actualoité hurle dans ma tête, éveillant des cauchemars, diurnes et nocturnes.
Elevé au lait des trente glorieuses, je dis merci à l’AFN coloniale qui a filé du boulot à mon père, me permettant de prendre l’ascenceur social.
Et puis ce fut le temps des insouciances, la beat generation, hippies partout .... une marche vers le progrès libérateur orchestrée par les "live" de Woodstock ou d’ailleurs.
Allez zou ! Sous les pavés , la plage, décidant de tout remettre à neuf, de refaire 89, sans savoir, naïf que j’étais, qu’aux manettes, dans l’ombre du progrès humain était tapi le capitalisme industriel , peu à peu devenant financier.
Lorsqu’enfin lâché des brides familiales, je décide d’entrer en lutte. Tout seul, comme un grand, refusant l’embrigadement des partis. Anti-américaniste primaire d’abord ; anti-impérialiste ensuite, naïf que j’étais, tel un Don Quichotte moderne j’envisageais de vider l’océan des injustices sociales à la petite cuillère verbale.
Tel Alain Bombard, j’étais balloté sur l’océan d’une société dont je ne voulais pas, car contraire à mes valeurs humanistes. J’essayais vainement de survivre.
Comment moi, être lamda, pouvais-je lutter contre Milton Friedman et ses Chicago Boys, à l’oeuvre au Chili .... jusqu’en Europe chez Tatcher et Eltsine !
Dans le même temps, Edward Bernays et ses potes, financés par Rockfeller et consorts, m’a transformé, naïf que j’étais, en consommateur.
La tête dans le guidon de ma petite reine, je ne voyais rien, inconscient que j’étais ; pas même l’enculette vaselinée des traités de Maastrich et Lisbonne Où étais-je pour n’avoir rien fait ?
J’étais là, dans la consommation, certes raisonnée, rationnellement écolo, mais consommation quand même.
Et puis, j’ai réalisé qu’un flux m’entraînait irrémédiablement vers l’abîme. J’en fus vert de colère.
Sachant pertinement qu’on ne rattrappe pas le temps perdu, je me suis mis à l’oeuvre pour essayer d’agir ici, maintenant et vite ; pour mes petits enfants, si le rouleau compresseur de la consommation ne les a pas déjà écrasés.
Et puis, et j’allais dire déjà, l’enfance se fait lointaine quand débarque la nouvelle équation sanitaire : "tu te soumets ou tu meurs socialement d’abord avant que de compter tes abattis !" Résistance.
Et je suis là moi, inutile et vain avec cet incessant pogo qui trouble mon cerveau.
Quand donc finiront ces grondements de bête, ces hurlements furieux de la nuit dans ma tête ?
L’exutoire qu’est cet article y suffira-t-il ?
Et vous là derrrière votre écran, , pourriez-vous réagir sur vos claviers pour m’aider à enlever quelques points d’interrogation ? Naïf que je suis.